Montreuil - Makwacha, Makwacha - Montreuil. Va et vient entre les continents pour comprendre la façon dont font sens des fresques sur des murs, pour celles qui les peignent, et pour d'autres spectateurs, parfois radicalement lointains.

Comme repères et entrées dans cette recherche : mondialisation, technologies de l'information et expérience esthétique...




15 août 2015

Photographe de brousse



Désireuse de voir, plus loin, là-bas, Londolo, Kabunda, Ngomalala, d’élargir le périmètre pour mieux comprendre Calcielo, je rythme mon séjour d’excursions vélo. Sous le soleil de midi, aux heures fraîches du matin, dans le soleil couchant, les kilomètres s’avalent, sentiers sablonneux,  ponts de rondins et de pneus, marais et sous-bois, la savane prend forme, je découvre la circulation de la brousse, les débrouilles de crevaison, les haltes inopinées, les nouvelles que l’on s’échange, salutations, petit papier ou billets glissés… Balthazar, souvent, ouvre la voie. Là où nous arrêtons, il m’invite plus ou moins à des rencontres. Il connaît l’attirail qu’abrite mon sac, l’appareil photo, l’enregistreur, la caméra. 

Nous faisons escale au village de Mushintuka. Nous avons fait trois heures de vélo, j’ai faim, le soleil est à la verticale, les maisons sont pauvres – fatigue et déception qui m’écrasent – que fais-je ici ?! Balthazar et l’animateur me guident à travers le village, guettant des signes d’intérêt. Nous nous arrêtons devant une maison, une maison de brique de terre cuite, à l’architecture plutôt travaillée. Balthazar tarde à l’endroit, il s’agit de la maison du vacher, avec qui il a discuté en chemin, ce sont sa femme et ses jumeaux. On attend quelque chose de moi, je le sens, le devine, Balthazar, enfin : "Est-ce que vous n’allez pas les prendre en photo ?" je sors l’appareil, les gamins s’empressent, me serrent, la femme offre ses enfants à l’objectif, je fléchis les genoux, appuie...   





Quelques propriétaires de jolies maisons

Gertrude, son fils et Marie-Françoise, Ngomalala, été 2015

Elisée, Calcielo, été 2015



Gardien, guide et interprète - l'homme clef de la Mission




Commis de la mission, Balthazar surveille, entretient et cuisine pour le Père Jean lorsque ce dernier demeure à Calcielo. A heures fixes, il donne et prend les nouvelles à la « phonie » avec les missions de Kipushia et Sakania – le réseau ne passant pas dans l’extrémité de la botte, la radio reste – pour quelques mois, années ? - un outil de communication très prisé...

Père Jean lui a vigoureusement recommandé de prendre soin de moi. Benoît, qui m’a déposée à la mission, m’a conseillée de m’en remettre à lui. Il me demande le « programme », m’introduit, suggère des visites. Je le suis, docilement, l’interromps et/ou relance parfois, m’éloigne de temps en temps à la suite d’un interlocuteur parlant suffisamment français. En d’autres occasions, il disparaît, mystérieusement, et revient, tout aussi discrètement.

Florilège

Sur la route de Mushintuka, été 2015
Chez Victorine, Ngomalala, été 2015
Chez Eda, Kamika, été 2015

Empreinte carbone, appareil photo et vélo – éprouver le regard






11h de vol, dizaine d’heures de voiture/piste pour arriver à la mission de Kalkielo - quelques 8 000 km loin de mon environnement, au-delà du dépaysement, il me faut oser m'exposer...

Pendant 15 jours, j’arpente le village et ses alentours – 280 km parcourus sur le superbe vélo du Père Jean, à la recherche de cases peintes.

J’en observe une petite dizaine (la plupart des habitants ne sont pas rentrés des champs), rencontre les chefs (de secteur, de village, intérimaire, etc.) et notables et enfin quelques mamans et jeunes femmes. Sur mes pas, piaillant autour de moi, des grappes d’enfants, qui bondissent, m’observent et me singent avec délectation.