Désireuse de voir, plus loin, là-bas, Londolo, Kabunda,
Ngomalala, d’élargir le périmètre pour mieux comprendre Calcielo, je rythme mon
séjour d’excursions vélo. Sous le soleil de midi, aux heures fraîches du matin,
dans le soleil couchant, les kilomètres s’avalent, sentiers sablonneux, ponts de rondins et de pneus, marais et sous-bois,
la savane prend forme, je découvre la circulation de la brousse, les
débrouilles de crevaison, les haltes inopinées, les nouvelles que l’on
s’échange, salutations, petit papier ou billets glissés… Balthazar, souvent,
ouvre la voie. Là où nous arrêtons, il m’invite plus ou moins à des rencontres.
Il connaît l’attirail qu’abrite mon sac, l’appareil photo, l’enregistreur, la
caméra.
Nous faisons escale au village de Mushintuka. Nous avons
fait trois heures de vélo, j’ai faim, le soleil est à la verticale, les maisons
sont pauvres – fatigue et déception qui m’écrasent – que fais-je ici ?!
Balthazar et l’animateur me guident à travers le village, guettant des signes
d’intérêt. Nous nous arrêtons devant une maison, une maison de brique de terre
cuite, à l’architecture plutôt travaillée. Balthazar tarde à l’endroit, il
s’agit de la maison du vacher, avec qui il a discuté en chemin, ce sont sa
femme et ses jumeaux. On attend quelque chose de moi, je le sens, le devine, Balthazar, enfin : "Est-ce
que vous n’allez pas les prendre en photo ?" je sors l’appareil, les gamins
s’empressent, me serrent, la femme offre ses enfants à l’objectif, je fléchis les
genoux, appuie...